“Dysphorie de genre” : la Suède remet en question les traitements hormonaux sur adolescents

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Statut du corps humain / Genre et sexualité Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Considéré comme pionnier dans l'accompagnement des personnes transgenres, l'hôpital Karolinska de Stockholm a récemment annoncé cesser de dispenser des traitements hormonaux à ses patients mineurs, sauf pour des essais cliniques.

Selon l'Association américaine de psychiatrie (APA), la « dysphorie de genre » désigne le fait, pour une personne, d'éprouver un sentiment d'inadéquation avec son sexe de naissance. Elle ne doit pas être confondue avec l'intersexuation (ou intersexualité), qui désigne les anomalies touchant les organes sexuels d'une personne, détectées parfois à la naissance et pouvant entrainer des doutes sérieux sur l'identité sexuelle de l'enfant.

Les traitements hormonaux prescrits aux enfants chez qui est diagnostiquée une dysphorie de genre visent à bloquer la puberté voire à substituer les hormones sexuelles, en féminisant ou masculinisant celles-ci. Sont notamment utilisés les agonistes de l'hormone de libération des gonadotrophines (GnRH), qui agissent sur la glande pituitaire de façon à empêcher la production d'oestrogène ou de testostérone.

S'appuyant sur le principe de précaution, l'hôpital Karolinska – ainsi que les autres centres suédois qui lui ont emboîté le pas – justifie l'arrêt de ces traitements hormonaux par l'absence de preuve de leur efficacité ainsi que le risque accru de maladies cardiovasculaires, de cancer, d'ostéoporose ou de thrombose auquel ils seraient associés. Plus fondamentalement, est mis en avant l'effet potentiellement irréversible de ces traitements, prescrits à un âge où l'enfant ou l'adolescent est difficilement en mesure de fournir un consentement libre et éclairé en la matière.

Plus largement, cette décision s'inscrit dans une remise en question plus globale de la prise en charge médicale de ce type de symptômes au sein de la communauté scientifique (voy. notamment les études publiées par la Society for Evidence-Based Gender Medicine). Dans un arrêt rendu en décembre dernier, la Haute Cour de Londres avait ainsi clairement mis en doute la capacité de consentement d'un mineur aux traitements bloqueurs de puberté (voy. actualité IEB du 16/12/2020) Cet arrêt faisant lui-même suite aux critiques émises par plusieurs scientifiques de l'hôpital londonien concerné, le Tavistock and Portman NHS Trust (voy. actualité IEB du 12/04/2019). De même, la Finlande privilégie depuis plus d'un an les thérapies psychologiques.

Outre le caractère potentiellement irréversible de ces traitements et l'absence de preuves suffisantes de leur efficacité, est régulièrement soulevée la crainte d'un surdiagnostic de la dysphorie de genre par les praticiens : s'agissant de la Suède, l'on note ainsi, entre 2008 et 2018, une augmentation de 1500% des dysphories de genre suivies d'un traitement hormonal.