La création d’ « embroïdes » provoque un flou éthique nouveau

Publié le : Thématique : Recherche biomédicale / Recherche sur les embryons Actualités Temps de lecture : 2 min.

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En septembre 2017, des chercheurs de l'Université de Michigan ont déclaré avoir découvert une nouvelle manière de créer des embryons. L'équipe tentait de créer des « organoïdes », organes miniatures, à partir de cellules souches humaines. Elle s'est rendue compte que ces agrégats de cellules s'organisaient de telle manière à présenter progressivement de plus en plus les caractéristiques d'un embryon.

Il manquait à ces entités dites « embroïdes » plusieurs types de cellules-souches-clefs. Ceci les empêchait de dépasser un certain stade de développement et de devenir un organisme embryonnaire « entier ».

L'équipe, en raison des ressemblances, a néanmoins pris la décision de les détruire sans continuer ses recherches. D'une part parce que l'Amendement Dickey-Wicker de 1995 interdit à l'Etat américain de financer la création ou la destruction d'embryons à des fins de recherche scientifique ; d'autre part parce qu'il est interdit de faire vivre des embryons utilisés aux fins de recherche au-delà de 14 jours.

Mais s'agissait-il ici d'embryons ? La question n'est pas simple.

Un embryon, tel que défini par cet Amendement Dickey-Wicker, n'est pas nécessairement issu de la rencontre de deux gamètes et n'aboutit pas nécessairement à la naissance d'un enfant. Une entité créée par FIV, clonage ou gamétogenèse par exemple, est en effet considérée comme un embryon, parce qu'elle s'organise en vue de former et faire naître un organisme humain, qu'elle y aboutisse ou non.

Là n'était pas l'intention des chercheurs en l'espèce. Ils désiraient étudier le développement humain tout en contournant la règle des 14 jours, par la création d'entités cellulairesformant des organes embryonnaires, mais volontairement privés de plusieurs types de cellules souches essentiels à la formation harmonieuse d'un organisme entier. Les « embroïdes » auraient été embryons incomplets, handicapés au point d'être incapables de former un être humain viable.

Pour de nombreux éthiciens, cette circonstance n'ôte néanmoins pas la qualité d'embryon à l'« embroïde » créé, s'il présente des caractéristiques et capacités organisationnelles suffisamment proches de celles d'un embryon « normal ».

Et même si un tel « embroïde » n'est pas qualifiable d'embryon, sa création pose question si elle a nécessité la destruction d'un embryon pour en extraire les cellules-souches pertinentes.

En définitive, la simple existence de ces embroïdes, créés « par accident », mais se révélant précieux dans le domaine de la recherche, demande à repenser les limites éthiques de la technique : à partir de quel niveau de ressemblance une vie créée artificiellement peut-elle être considérée comme un embryon et recevoir la protection qui leur est réservée? 

Source : Bioethics.com