Reins, cœurs, peau, cornées de porcs implantés chez des nouveau-nés

Publié le : Thématique : Recherche biomédicale / Génétique Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Des xénogreffes aux chimères : une limite de plus en plus difficile à contenir.

En Corée du Sud, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, des chercheurs s'apprêtent à transplanter des organes et des tissus d'animaux chez l'homme : c'est la xénotransplantation.

Les essais cliniques devraient ainsi conduire vers des greffes de cornées de porc, de reins, de coeurs porcins chez des nouveau-nés, de peau de porc sur des grands brûlés, mais aussi de sang, de cellules pancréatiques pour traiter les patients diabétiques, ou des cellules productrices de dopamine en cas de Parkinson.

Les chercheurs ont peu à peu réussi à contourner la difficulté du rejet de l'organe animal par le corps humain, grâce à la technologie d'édition du génome : avec la technique CRISPR-Cas9 (Dossier de l'IEB), ils éliminent chez l'être humain « les marqueurs qui identifient les cellules de porcs comme étrangères, pour éviter toute réaction de rejet ».

Une chose est de greffer du matériel corporel animal chez un être humain, à des fins thérapeutiques et pour pallier le manque d'organes et tissus humains disponibles. Autre chose est d'implanter du matériel corporel humain (comme des cellules humaines pluripotentes, induites ou issues d'embryons humains) dans des embryons d'animaux, en créant ainsi de véritables chimères : ces êtres proviennent donc à la fois d'une espèce animale et de l'espèce humaine.

Le Japon vient de revoir ses directives en la matière afin d'autoriser ce type de recherche. Les directives n'imposent pas d'interrompre le développement de ces chimères après un certain nombre de jours, mais interdisent leur implantation dans l'utérus humain, de même que tout croisement ultérieur. Des bioéthiciens japonais ont pointé les problèmes éthiques de ces manipulations dans une lettre parue ce 4 avril.

Fortuitement ou non, le jour-même de leur publication, un scientifique japonais annonçait un projet de recherche sur le développement d'un pancréas humain dans un porc.

Pour Misao Fujita, professeur de bioéthique à l'Université de Tokyo, qui a sondé la réaction de la population japonaise, « les gens semblent préoccupés de ce que la frontière entre les humains et les animaux soit brouillée ». Même si les directives révisées n'autorisent pas la fertilisation de chimères homme-animal avec des gamètes humains, le prof. Fujita avertit qu'elles « n'autorisent ni n'interdisent explicitement la formation d'embryons humains-primates, qui pourraient servir à produire des modèles dotés de cerveaux humains ». Elle fait ici référence à une grande tentation de certains scientifiques, qui y voient la possibilité de créer des échantillons plus performants que les singes actuels pour traiter des maladies psychiatriques ou neurologiques.

En Belgique, la loi relative à la recherche sur les embryons interdit « d'implanter des embryons humains chez les animaux ou de créer des chimères ou des êtres hybrides ».

 Sources : Gènéthique (4/4/2019), The Scientist Magazine (4/4/2019)


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