www.rebelpsy.be : appel à signatures en vue de la révision de la loi euthanasie

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Le 28 mai 2018, la loi euthanasie belge « fêtera » son 16ème anniversaire. Aucune évaluation de cette loi ni de sa pratique n'a jamais été faite.  Soulignant l'urgence d'une telle démarche face aux dérives actuelles, Els Van Hoof et Nathalie Muylle, députées CD&V, ont déposé à la Chambre une résolution en ce sens le 7 décembre dernier, rejointes en cela par Valérie Van Peel (N-VA).

En admettant qu'il y ait un jour une véritable volonté politique en ce sens, qui en Belgique pourrait mener une telle étude car il s'agit d'y attacher des experts indépendants sur une période plus ou moins estimée à deux ans

Les députées ne sont pas seules à demander une révision de la loi. Suite aux différents appels lancés par des experts « psys » dans les médias belges depuis 2015 (voir aussi VRT), ils sont aujourd'hui 220 médecins cliniciens et universitaires à réclamer cette révision, principalement afin de mieux encadrer voire d'ôter la possibilité d'euthanasier pour souffrance psychique.

Ils ont rassemblé leurs voix sur la plate-forme internet REBELPSY (Review Belgian Euthanasia Law for Psychic Suffering). Cette plate-forme est ouverte aux citoyens, soignants, professeurs, auxquels s'adresse « un appel à l'ensemble des professionnels de la santé afin d'ouvrir un débat fondamental à propos de l'euthanasie pour cause de souffrance psychique. Maintenant qu'il s'avère que la loi sur l'euthanasie pour seule souffrance psychique permet de tolérer aussi l'intolérable, ils demandent « d'entamer une réflexion éthique en concertation avec tous les acteurs concernés - soignants, patients, familles, proches ».

« Les critères inscrits dans le texte de la loi euthanasie sont à ce point sujet à interprétation, que tout devient possible », soutient An Haekens, médecin en chef de la clinique psychiatrique Alexianen à Tirlemont et initiatrice de la plate-forme. « Pourtant nous prenons conscience d'avoir dépassés certaines limites... Des personnes qui n'auraient pas dû mourir sont mortes ».

À côté de l'interprétation élastique des critères légaux qui a permis l'extension progressive de l'euthanasie aux personnes souffrant de « polypathologie », de démence, aux patients non-terminaux, particulièrement en psychiatrie, l'ineffectivité du contrôle officiel et le manque d'impartialité de la Commission fédérale de contrôle (CFCEE), est également source de débats politiques et de protestations grandissantes au sein du monde médical.

« Il s'agit ici de normalisation, de sacralisation de l'euthanasie », avertit le Professeur Willem Lemmens, éthicien de l'Université d'Anvers. « Elle est propagée comme mort idéale, et la CFCEE est juge et partie à la fois… Toute critique est niée ». An Haekens, elle aussi, s'inquiète de ce que la Commission se trouve présidée par Wim Distelmans, médecin militant pro-euthanasie et membre fondateur d'ULteam, un centre qui accompagne des demandes d'euthanasie également pour souffrance psychique.

Zorgnet-Icuro, un réseau flamand d'hôpitaux généraux et d'établissements actifs dans les soins psychiatriques et gériatriques s'est prononcé lui aussi en faveur d'une révision de la loi euthanasie, ce qui est un « signal extrêmement important », insiste le Dr Haekens.