Pays-Bas : trop peu d’euthanasies de nouveau-nés ?

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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À la suite de l'instauration du “Protocole de Groningen”, qui permet depuis 2007 à un médecin d'euthanasier un bébé porteur d'un handicap, le comité national de suivi s'étonne du fait que, jusqu'à présent, un seul cas ait été rapporté. En effet, dans ses estimations, le comité avait tablé sur 15 à 20 cas annuels. Comment expliquer cet écart ? Les médecins néerlandais préfèrent-ils taire les cas d'euthanasie de nouveau-nés ?    

Dans son dernier numéro, le Journal of Medical Ethics (2010, n°36, pp. 234-237) s'interroge à ce propos et avance plusieurs explications. Tout d'abord, un manque de données aurait pu conduire à une surestimation des prévisions d'euthanasies de nouveau-nés. Serait-ce aussi qu'avant l'adoption du Protocole de Groningen certains avortements auraient été rapportés comme des euthanasies ?  Une autre explication de ce "trop peu" de cas, serait un recours accru à la sédation terminale. Dans ce cas, le décès du bébé n'est en effet pas répertorié comme une euthanasie...

Si ces arguments semblent pertinents, ils ne sont toutefois pas suffisants pour rendre compte du seul et unique cas rapporté. Manifestement, des médecins ont passé sous silence certains cas, estiment les auteurs de l'article paru dans le Journal of Medical Ethics. Pourquoi ?

Tout d'abord, le comité auprès duquel les médecins sont censés rapporter les décès pose problème : il ne jouit d'aucune autorité légale et ne peut donc préserver le médecin d'éventuelles poursuites judiciaires. Ensuite, lorsqu'un enfant souffre, les médecins préfèrent qualifier l'euthanasie de “soins terminaux adéquats”, expression qui passe mieux auprès des parents. Finalement, si l'enfant ne souffre pas, mais pourrait souffrir dans le futur (comme dans les cas de spina-bifida), son euthanasie n'est pas permise selon les termes du Protocole.

Et les auteurs d'estimer qu'il semble quasiment impossible de respecter les dispositions de la législation néerlandaise actuelle. Si le gouvernement veut que les médecins néerlandais prennent au sérieux leur obligation de rapporter les cas d'euthanasie infantile, estiment les auteurs, il doit rendre le Protocole plus permissif encore.

Sources : IEB, Journal of Medical Ethics, BioEdge