Hausse vertigineuse de 75% pour l’euthanasie au Québec

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Au Québec, 845 personnes ont eu recours à l'euthanasie de juillet 2017 à mars 2018, soit une moyenne de 93 par mois, de 75% plus élevée que la moyenne mensuelle de l'année précédente (53). Au total, 1664 Québécois ont été euthanasiés depuis l'entrée en vigueur de la loi en décembre 2015. C'est ce qui ressort du récent rapport de la « Commission sur les soins de fin de vie ».

La Commission a été incapable de se prononcer sur 5% de l'ensemble des cas, faute d'informations. Pour 5 autres pourcents, elle a jugé que les conditions légales n'ont pas été respectées. Ainsi, pour 29 euthanasies (ou « aides médicales à mourir » – AMM – selon la loi québécoise), le médecin n'était pas indépendant par rapport au patient (i.e. il existait entre eux un lien hiérarchique, familial ou financier).  Dans 9 autres cas, le deuxième médecin consulté « n'a pas lui-même mené les entretiens avec la personne pour s'assurer du caractère éclairé de sa demande ou pour s'assurer de la persistance de ses souffrances et de la constance de sa volonté d'obtenir l'AMM. » 5 autres personnes n'étaient pas atteintes d'une maladie grave ou incurable, et deux personnes n'étaient pas en fin de vie.

Ces constats font craindre la même impuissance à contrôler la « légalité » des morts provoquées que dans les autres pays ayant autorisé l'euthanasie ou le suicide assisté. Ce sont en effet les mêmes termes et conditions qui sont utilisés dans ces différents pays et qui ne garantissent pas, de par leur caractère vague et subjectif, une pratique facile et sans tache. Partout aussi, le contrôle s'opère après la mort du patient, ne laissant aucune chance de rectifier un acte précipité ou imprudent.

Parallèlement, trois bioéthiciens québécois ont manifesté leur inquiétude, dans un article du Journal of Medical Ethics du 22 Novembre 2018, face aux demandes d'euthanasie qui surviennent parfois avant même l'exploration des autres options de soins, exploration pourtant prescrite par les directives en la matière.

Cette inquiétude est d'autant plus compréhensible qu'il est à craindre que des patients « optent pour l'AMM en raison des problèmes d'accès aux soins palliatifs », comme le dénoncent de nombreuses voix dont le Collège des médecins au Québec.

Pour aller plus loin : voir l'étude comparative Québec-Belgique sur le suicide assisté et l'euthanasie

Sources : La Presse (7/12/2018), Bioedge (9/12/2018), Gènétique (6/12/2018)