De plus en plus d'euthanasies en Belgique

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Une étude montre que le nombre d'euthanasies pratiquées en Belgique augmente et que la majorité des cas est due à des douleurs physiques insupportables. Pour le spécialiste français des soins palliatifs, le Dr Bernard Devalois, une meilleure prise en charge de la douleur pourrait certainement les éviter.  

Selon une récente enquête menée par la VUB (Vrij Universiteit Brussel), le nombre des euthanasies progresse régulièrement chaque année en Belgique depuis la loi votée en septembre 2002 autorisant cette pratique. Elles sont passées de 235 en 2003 à 705 en 2008. Pour la première fois, cette étude menée par le professeur Luc Deliens va plus loin que des données chiffrées et dresse le profil des personnes concernées. Sur les 1917 personnes euthanasiées, la majorité sont plutôt jeunes (les hommes étant un peu plus nombreux que les femmes), atteints de cancer en phase terminale (93,4%) et ne supportant plus la douleur physique, selon les déclarations qu'ils ont faites à leur médecin.  

Chez une petite proportion de malades (6,6%), souvent atteints de maladie neuromusculaire, le décès ne devait pas, en principe, intervenir à court terme, et ce sont des "souffrances psychologiques inapaisables" qui ont justifié l'euthanasie. Une minorité (18%) de personnes âgées de plus de 80 ans est concernée et cette proportion reste stable. Pour le professeur Deliens, la loi ne sert donc pas à "éliminer" les patients âgés trop coûteux comme le craignaient les opposants à l'euthanasie. L'étude confirme que l'euthanasie est plus couramment pratiquée en Flandres (83%) qu'en Wallonie (17%). Des chiffres étonnants qui, pour les chercheurs, peuvent s'expliquer par des "différences de pratiques médicales".
Pour le docteur Bernard Devalois, spécialiste français des soins palliatifs, "cette étude démontre que la majorité des demandes d'euthanasie en Belgique sont liées à des douleurs physiques insupportables et donc à des mauvaises pratiques médicales dans le traitement de la douleur, car les souffrances vraiment réfractaires - que nous traitons en France en endormant le malade - restent très rares". Une analyse corroborée par le fait que la grande majorité des euthanasies belges ont lieu au domicile du patient. "On peut penser qu'elles sont effectuées par des généralistes démunis car mal formés au maniement des techniques antalgiques complexes", constate le médecin français. 

Votée le 28 mai 2002, la loi belge protège le médecin qui "met intentionnellement fin à la vie d'une personne à la demande de celle-ci", à condition qu'elle soit dans "une situation médicale sans issue et un état de souffrance physique et psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée". Pour le docteur Devalois, "à la lecture de cette étude, la Belgique semble choisir de privilégier la formation de ses généralistes au maniement de produits provoquant une mort rapide du patient (barbituriques et curares). Le malade n'a donc que le choix entre souffrir ou demander l'euthanasie. Je préfère nettement qu'on lui offre un troisième choix : être soulagé de sa douleur ! C'est la voie qu'a choisie la France à travers les plans Douleur et Soins Palliatifs".  

La loi belge sur l'euthanasie prévoit que le médecin fasse appel à l'avis d'un second praticien. Une précédente étude menée en juin 2009 avait montré que cette condition n'était pas toujours respectée. 

Source : Genethique.org et LaVie.fr - Claire Legros - publié le 15/03/2010