Canada – Ontario rogne la liberté de conscience des médecins

Publié le : Thématique : Droits et libertés / Clauses de conscience Actualités Temps de lecture : 1 min.

 Imprimer

Deux règlements de l'Ordre des Médecins de l'Ontario obligent tout médecin qui ne souhaite pas pratiquer l'euthanasie, à référer lui-même son patient demandeur d'aide au suicide vers un médecin ou centre médical qui la pratique.

Pourtant, la loi canadienne sur l'aide médicale à mourir du 17 juin 2016 exprime explicitement qu'aucun médecin n'a l'obligation de pratiquer ni d'offrir son aide pour faire mourir quelqu'un, en vertu de son droit à la liberté de conscience.

C'est pourquoi 4.700 médecins ont remis en cause la légalité des deux règlements devant la Cour supérieure de justice d'Ontario, pour violation disproportionnée de leur droit à la liberté de conscience.

« Ces règlementations violent effectivement la liberté de conscience des médecins », a déclaré le juge Herman Wilton-Siegal, « mais la violation est justifiée », parce qu'elle participe à la protection du droit fondamental de chacun à un accès équitable aux soins de santé, l'euthanasie étant donc assimilée à un "soin".

La Cour indique par ailleurs qu'il n'existe aucun droit d'accès à la profession de médecin. Les médecins objecteurs ont toujours la possibilité de changer de spécialité, et même quitter leur profession si cela leur pèse trop.

La Cour estime que, si les médecins qui ont invoqué l'objection de conscience n'ont pour l'instant jamais empêché de patient de recevoir l'aide au suicide, le risque que cela se produise justifie son jugement. Dans la plupart des autres provinces canadiennes, le patient adresse sa demande à un centre, qui effectue les démarches pour mettre en contact patient et médecin prêt à l'assister dans son suicide.

Si cette procédure est reconnue plus respectueuse de la liberté de conscience des médecins, les juges d'Ontario ont néanmoins estimé que donner aux médecins traitants eux-mêmes la tâche de mettre en contact la personne avec un centre ou un autre médecin était une chose raisonnable, puisqu'elle permettait au patient concerné de gagner un temps précieux. Elle justifierait donc leur participation indirecte au suicide de cette personne.

Source : canadiansforconscience

 


Articles similaires

Uruguay : la justice renforce l’objection de conscience des gynécologues face à l’avortement.

Uruguay : la justice renforce l’objection de conscience des gynécologues face à l’avortement.

- Clauses de conscience

Le 21 août 2015, le Tribunal du contentieux administratif uruguayen a donné raison à un collectif de 100 médecins gynécologues contre le gouvernement, afin de soutenir leur clause de conscience face à l'avortement.
A l'occasion de ce procès, les juges se sont penchés sur la loi relative à l'avortement pour en supprimer sept articles attentatoires à l'objection de conscience des médecins.
En effet, la loi imposait aux gynécologues de prendre part indirectement au processus menant à l'IVG: ils a...

Lire la suite

Trop de médecins objecteurs de conscience  en Italie selon le Planning familial

Trop de médecins objecteurs de conscience en Italie selon le Planning familial

- Clauses de conscience

Le Comité européen pour les droits sociaux du Conseil de l'Europe vient de déclarer recevable le recours contre l'Italie de l'ONG International Planned Parenthood Federation European Network (Réseau européen de la Fédération internationale du Planning familial), contrairement à l'avis du gouvernement italien. Le Planning se plaint du taux d'objecteurs de conscience en Italie, où de nombreux médecins refusent de pratiquer des avortements. Le gouvernement italien estimait quant à lui qu'il ne l...

Lire la suite

Objection de conscience accordée à une infirmière britannique

Objection de conscience accordée à une infirmière britannique

- Clauses de conscience

Une infirmière menacée de licenciement pour avoir refusé de travailler dans un service d'avortement a eu gain de cause, sans aller devant les tribunaux. L'infirmière a convaincu son employeur, le Trust NHS, que son droit à l'objection de conscience est protégé par l'article 4 de la loi de 1967 sur l'avortement, et qu'elle ne devrait pas être forcée de travailler dans une clinique d'interruption de grossesse attachée à l'hôpital.

Neil Addison, du Centre juridique Thomas More, l'avocat qui a re...

Lire la suite