Comment la suppression d’une aide sociale a conduit à l’augmentation du nombre d’avortements au Royaume-Uni

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Début de vie / Avortement Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Parmi les mères britanniques de deux enfants ou plus ayant récemment avorté, 60% déclarent que leur décision d'avorter a été influencée par l'arrêt d'une aide sociale par le gouvernement britannique.

Ces chiffres sont issus d'une étude publiée en décembre 2020 par le British Pregnancy Advisory Service (BPAS). Le BPAS est une association pratiquant des avortements et prodiguant du conseil en matière de contraception et de grossesse au Royaume-Uni.

L'aide gouvernementale supprimée dont il est question consiste en un crédit d'impôt et en une allocation familiale dont le montant est calculé de manière progressive en fonction du nombre d'enfants à charge. En avril 2017, le gouvernement britannique introduit une limite de deux enfants pour le calcul de ces aides financières. Les familles avec trois enfants ou plus ne reçoivent donc plus de soutien financier supplémentaire en comparaison des familles comptant deux enfants.

L'étude du BPAS a interrogé 240 mères ayant deux enfants ou plus et ayant avorté depuis mars 2020. Parmi les femmes ayant connaissance de cette limite de deux enfants pour le calcul de l'aide sociale (59% du panel), 31% indiquent que la suppression de cette aide supplémentaire a joué un « rôle très important » dans leur décision d'avorter, et, pour 26%, un rôle « assez important ».

Seules 30 % de ces femmes considèrent qu'une telle réforme n'a joué aucun rôle dans leur décision d'avorter.

 

Crise sanitaire et précarité économique

Particulièrement interpellants, ces résultats s'inscrivent par ailleurs dans le contexte difficile de la crise sanitaire, dont les répercussions économiques se sont fait ressentir auprès de nombreux ménages britanniques, en particulier du point de vue de la stabilité de leur emploi. 62 % des femmes interrogées confirment d'ailleurs que le recours à l'avortement était en partie, sinon essentiellement lié à des considérations financières. En l'absence de telles difficultés financières, de nombreuses femmes interrogées indiquent ainsi clairement qu'elles auraient gardé l'enfant et mené leur grossesse à terme : l'une d'entre elles déclare par exemple que "si cette limite de deux enfants n'existait pas, j'aurais gardé le bébé, mais je n'avais pas les moyens de le nourrir et de l'habiller... J'ai vraiment eu du mal à accepter ma décision".

 

Quelle politique de prévention de l'avortement ?

Si les résultats spécifiques de cette étude semblent donc liés à une combinaison entre l'arrêt de l'aide gouvernementale et le contexte de la pandémie, l'évolution du nombre d'avortements pratiqués au Royaume-Uni confirme quoi qu'il en soit de manière structurelle l'impact d'une politique fiscale défavorable aux familles nombreuses sur le nombre d'avortements. En effet, là où le nombre total d'avortements a augmenté de 11,7% entre 2016 et 2019 au Royaume-Uni, cette augmentation est de 16,4% chez les femmes ayant deux enfants ou plus.

Plus largement, ces chiffres mettent en exergue les limites d'une politique centrée sur la seule question de l'accès à l'avortement et à la contraception, et du libre choix de la femme enceinte. Ces chiffres montrent au contraire la nécessité de prendre en compte les facteurs externes pouvant mener à la décision d'avorter, afin que puisse être développée une véritable politique de prévention de l'avortement, en particulier sur le plan du soutien aux femmes enceintes et aux familles.

 

Crédits image : BPAS


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