
Une étude publiée par le think tank américain The Ethics and Public Policy Center révèle que des complications surviennent chez plus de 10% des femmes qui ont eu recours à la pilule abortive Mifeprex (nom de marque de la mifépristone) dans le cadre d’un avortement médicamenteux aux Etats-Unis. Un chiffre 22 fois supérieur à ce qu’indique la notice de la pilule (moins de 0.5%). Cette pilule est pourtant présentée comme « sûre et efficace » par le laboratoire qui la commercialise.
Une pilule qui met en danger la santé des femmes
C’est ce que dénonce l’étude qui a analysé les données des réclamations d’assurance qui comprend 865 727 avortements prescrits à la mifépristone de 2017 à 2023. Il ressort de cette analyse que, dans les 45 jours suivant un avortement à la mifépristone, 10.93 % des femmes souffrent d’une septicémie, d’une infection, d’une hémorragie ou « d’un autre événement indésirable grave ou potentiellement mortel ». Comme le soulignent les auteurs de l’étude, alors que plus de 5 millions de femmes américaines ont utilisé cette pilule abortive depuis son approbation en 2000, il est devenu urgent de « comprendre les risques et les méfaits pour les femmes de l’avortement chimique en général et de la mifépristone en particulier ».
Moins de précaution pour faciliter l’accès à l’avortement
La mifépristone, développée par une entreprise française, a été approuvée en 2000 aux Etats-Unis par la FDA (Food and Drug Administration) via une procédure spéciale réservée aux traitements « de maladies graves ou potentiellement mortelles et qui offrent un bénéfice thérapeutique significatif aux patients par rapport aux traitements existants ». Ceci impliquait de considérer la grossesse non désirée comme « une maladie grave ou potentiellement mortelle » et supposait de la part de la FDA qu’aucune autre intervention ne pouvait y remédier. De plus, les mesures de protection introduites par la FDA en 2000 pour approuver l’utilisation du Mifeprex ont toutes été supprimées en 2023 : le passage devant un médecin n’est plus requis, la femme peut s’administrer seule les médicaments et elle n’est plus obligatoirement informée des effets indésirables possibles. Le délai autorisé pour un avortement à base de Mifeprex est également passé de 7 à 10 semaines de grossesse. Les avortements chimiques (dits médicamenteux) représentent environ les deux tiers de tous les avortements aux États-Unis. Face à ce constat, les chercheurs de l’étude appellent la FDA à rétablir des protocoles de sécurité plus strictes et à exiger du laboratoire « la déclaration complète de ses effets secondaires ».
Ce constat de la sous-évaluation des effets de la pilule abortive sur la santé des femmes devrait alerter les autorités sanitaires des pays comme la Belgique qui misent sur l’avortement chimique pour en faciliter l’accès. Le parti Ecolo propose de « faciliter les IVG entièrement ou partiellement autogérées ». Dans le premier cas de figure, la femme « gère elle-même toutes les étapes de la procédure médicamenteuse » qui peut donc se dérouler entièrement à domicile. En 2023 en Belgique, les avortements chimiques représentaient près de 44% du total des avortements.