Pays-Bas : vers une institutionnalisation du don d'organes après euthanasie

Publié le : Thématique : Statut du corps humain / Don d'organes et euthanasie Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Des responsables d'hôpitaux universitaires aux Pays-Bas (Erasmus MC de Rotterdam et l'hôpital académique de Maastricht) viennent d'établir un protocole de don d'organes après euthanasie. Ces directives nationales n'attendent plus que l'accord de la Fondation néerlandaise de la transplantation pour être imposées à l'ensemble des médecins et hôpitaux des Pays-Bas. Si la Belgique fait figure de pionnière en matière de combinaison entre euthanasie et don d'organes, cette pratique est exceptionnelle aux Pays-Bas. Les patients concernés seraient surtout les victimes de sclérose en plaque, de la maladie de Charcot et d'autres malades neurologiques, dont les organes sont en bon état de marche.

Loin de poser les véritables questions éthiques qu'une telle pratique suscite, le protocole s'attache à élaborer le « comment » du prélèvement après l'euthanasie, en vue de dépasser les nombreux obstacles qui se présentent.

Le principal obstacle tient au fait que l'euthanasie est en règle générale pratiquée par le médecin de famille, à domicile, le plus souvent en présence des proches de la victime. Ce contexte ne convient pas du tout au don d'organes vitaux : ceux-ci doivent être prélevés dans les minutes qui suivent le constat de la mort, ce qui suppose donc un décès à l'hôpital, et la proximité de l'équipe et de la salle d'opération prêtes pour le prélèvement. Un des objectifs du protocole est donc de surmonter ces difficultés en posant le principe d'une intervention du médecin de famille à l'intérieur des murs de l'hôpital (médecin qui doit dégager par écrit l'hôpital de toute responsabilité juridique), chose que nombre d'hôpitaux n'apprécient guère.
Par ailleurs, l'euthanasie et le prélèvement d'organes doivent être clairement dissociés, afin d'éviter que le patient ne choisisse l'euthanasie en vue de donner ses organes. Il sera donc exigé que le patient réponde à tous les critères de l'euthanasie légale et que son cas ait été vu et approuvé par un médecin référent pour l'euthanasie, qui devra valider l'accord donné par le médecin de famille. Ce n'est qu'ensuite que la demande de don d'organes sera prise en compte, à condition qu'elle émane spontanément du patient et que le médecin de famille s'abstienne d'évoquer le premier cette possibilité avec le patient.
Un autre inconvénient de la procédure concerne les proches du patient euthanasié. Vu qu'il faut transférer le corps sans tarder, il n'y aura plus de temps pour les « adieux », et les proches devront dans la pratique attendre le retour du corps après prélèvement.
Source : www.nos.nl