Belgique : l'industrie pourrait bientôt commercialiser les tissus humains

Publié le : Thématique : Statut du corps humain / Don d'organes, de tissus et de sang Actualités Temps de lecture : 1 min.

 Imprimer

Tout comme les organes, les tissus d'une personne peuvent sauver des vies. Les ossements permettent de réparer des fractures complexes, les cornées d'éviter des cécités, les vaisseaux sanguins de remplacer les vaisseaux irrémédiablement endommagés d'autrui.

Ces tissus sont, tout comme les organes, facilement extraits du corps du donneur, après sa mort ou avant, par biopsie. Seuls les médecins et chercheurs ont aujourd'hui accès aux tissus humains stockées par les hôpitaux dans leurs biobanques.

La ministre de la Santé, Maggie de Block, souhaite rendre ces stocks de tissus humains commercialisables et accessibles à l'industrie. Elle a déposé un avant-projet de modification de la loi de 1986 (sur le prélèvement et la transplantation d'organes) en ce sens.

Ce projet soulève des interrogations. La Conférence des Hôpitaux Académiques de Belgique (CHAB), présente aux débats en commission, craint des abus. « La procédure de consentement des patients n'est pas suffisamment réglée en Belgique », estime le Président de la CHAB, Marc Decramer, « car le consentement d'une personne décédée au don de ses organes est présumé ».

Si des firmes commerciales reçoivent un droit d'accès aux biobanques pour commercialiser certains tissus, elles bénéficieront elles aussi de cette règle de consentement implicite. Il importe d'en informer le public de manière transparente, afin que chaque personne puisse faire son choix en connaissance de cause et prendre les mesures nécessaires.
Le Professeur Eric Mortier, de l'UZ Gent, soutient que l'accès aux tissus peut constituer une plus-value,
parce que les entreprises ont les moyens d'aider à la recherche scientifique. Il s'agit par contre d'éviter de tomber dans un schéma de commercialisation pure.

L'import et l'export de ces tissus pose également question. Puisque l'UE ne permet pas de faire du gain sur la vente de tissus humains sur son territoire, il est possible que certaines industries les vendent aux USA où les prix sont exubérants, ou les importent à bas prix depuis la Chine ou l'Inde. Si la Ministre souligne que tous les tissus importés devront répondre aux normes de qualité belges, il n'est pas impossible que des problèmes de contrôle puissent un jour se poser.

La Ministre n'a par contre pas confirmé qu'il y aurait une campagne d'information sur le sujet de cette modification majeure de la loi.

Source : De Morgen