UK : manipulation génétique : un embryon conçu des gamètes de 2 femmes et d’un homme

Publié le : Thématique : Recherche biomédicale / Gamètes Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Les députés britanniques s'étant prononcés en faveur de la fécondation in vitro avec remplacement mitochondrial, le Royaume-Uni est sur le point d'autoriser la conception d'un embryon à partir des gamètes de 3 personnes. Cette technologie consiste à retirer de l'ovule de la mère les mitochondries (génératrices d'énergie des cellules) « défectueuses » responsables de maladies comme la myopathie ou le diabète pour les remplacer par des mitochondries saines provenant d'un ovule d'une autre femme.
L'ovule maternel modifié est ensuite fécondé avec le sperme du père en laboratoire, pour être réimplanté dans l'utérus de la mère. Cela implique qu'un couple, même fertile, devrait recourir aux techniques de fécondation artificielle, dont le taux d'échec est non négligeable. Dans le cas d'une naissance, l'enfant ainsi conçu sera alors porteur de toutes les caractéristiques génétiques de son père et de sa mère, mais aussi d'une partie d'ADN mitochondrial de la femme donneuse. Même si les chercheurs estiment que l'ADN mitochondrial ne représente que moins de 1 % de la quantité totale d'ADN contenue dans chaque cellule, cette technique pose de graves questions éthiques.
Tout d'abord, ces modifications génétiques et épigénétiques, quand bien même elles épargneraient des souffrances aux enfants à naître et à leur famille, ne sont-elles pas un geste médical à portée eugéniste ? En effet, on ne soigne pas la maladie du futur bébé, mais on modifie génétiquement les gamètes donneuses en vue d'une procréation non défectueuse.
Le transfert dans un embryon d'une mitochondrie d'une tierce personne franchit une nouvelle barrière. Pour la première fois, un être humain serait génétiquement manipulé, ce qui aura un impact sur toute sa descendance.
De plus, il faudra nécessairement faire appel à des femmes qui devront, après traitement hormonal, donner des ovocytes sains pour en extraire les mitochondries. Quand on sait ce que représente le marché des « dons » ovocytaires, on se doit de rester prudent.
De plus, il y a aussi la question des origines de l'enfant : celui-ci connaîtra-t-il ses origines extra-parentales ? En viendra-t-on à dire que l'enfant a trois parents, mais qu'il n'en connaîtra que deux ?
Au vu du retentissement international qu'aurait une telle décision pour la recherche, on comprend les réticences de différentes instances médicales à propos de la modification de la loi anglaise sur l'embryologie et la fertilisation humaine qui datait de 2008.
Cette nouvelle loi vient d'être adoptée par la Chambre des communes  mais doit encore être examinée le 23 février par la Chambre des Lords.
Source : Le Point – Le Monde