Quand l’idéologie s’empare du débat sur l’euthanasie

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Hans Geybels, Professeur de théologie à la KUL, a lancé dans le magazine Knack un appel pressant à sortir de la dichotomie « conservateurs-progressistes » lorsqu'il s'agit de débats bioéthiques tel que celui sur la fin de vie. Ce sont des sujets trop importants que pour être sacrifiés sur l'autel des convictions idéologiques, il s'y joue bien plus qu'une victoire entre idées conservatrices ou progressistes.

Que signifient d'ailleurs ces termes dans le débat ? Le progressisme semble vouloir rompre avec tout ce qui touche au passé, le conservatisme au contraire maintenir ce passé sans rien y changer. N'a-t-on rien d'autre à proposer pour la fin de vie ?

L'auteur refuse de croire que l'un de ces deux camps détienne la vérité. Celle-ci ne se trouve pas dans les idéologies et, quand bien même la vérité serait immuable, l'homme ne peut pas la considérer aussi facilement à sa portée. C'est pourquoi, selon l'auteur, la vérité invite toujours à la prudence : les hommes persuadés de la détenir ont trop souvent abouti à la violence, avec les conséquences que l'histoire nous enseigne.

Il constate au sujet de l'euthanasie pour souffrance psychique, que l'immense majorité des psychiatres plaide depuis quelques années pour la plus grande des prudences. Pourquoi dans ce cas expédier le règlement de cette problématique dans la loi ? Ces psychiatres peuvent-ils réellement être accusés de faire la promotion d'un conservatisme dépassé ?

Geybels nous met en garde : vu l'actualité, l'euthanasie semble être devenue la proie d'une lutte idéologique. Et les positions adoptées sur ces sujets peuvent en arriver à menacer non pas nos convictions, mais notre humanité. L'empressement de certains traduit une vision de l'homme qui glisse vers « l'homo economicus » : la dignité d'une personne se voit calculée sur base d'une échelle aux paramètres économiques : que rapporte-t-elle à la société, et que lui coûte-t-elle ?

Il s'agit là d'une réalité qui n'est ni progressiste, ni conservatrice. Il s'agit d'une réalité issue de notre « système de pensée néo-libéral » selon les psychiatres Paul Verhaege et Dirk De Wachter. Un constat qui invite les deux « camps » à dépasser leurs oppositions pour entamer une réflexion et un dialogue approfondis.