Pays-Bas : des psychiatres réagissent contre la politique de l’euthanasie actuelle

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Les psychiatres néerlandais Bram De Bakker et Esther van Fenema ont initié  une action visant à récolter les signatures d'autres psychiatres inquiets quant à la pratique de l'euthanasie sur des personnes atteintes de troubles psychiatriques.

Leur action fait suite à une émission télévisée  dans laquelle plusieurs spécialistes, notamment le Professeur Jim Van Os et le psychiatre Frank Koerselman, ont critiqué les agissements de la « Levenseinde Kliniek » (« clinique de fin de vie », LEK ci-après). Celle-ci aurait euthanasié des patients psychiatriques alors que tout n'aurait pas été tenté pour les soigner puisqu'aujourd'hui l'éventail de nouvelles thérapies est de plus en plus large.

Plus grave est le fait que ces cas d'euthanasies qui posent question, ont tous été jugés conformes par les commissions de contrôle RTE, à l'exception d'un seul (oordeel n° 2017-24).

Van Os craint le phénomène d'« escalade médicale » de l'euthanasie, à travers une interprétation élastique de la loi, qui permettrait qu'elle soit appliquée de façon de plus en plus large jusqu'à mener à la banalisation de l'euthanasie comme simple acte médical.
Sur les 60 euthanasies de patients atteints de troubles psychiatriques pratiquées en 2016 aux Pays-Bas, 48 l'ont été par la LEK. Celle-ci a d'ailleurs annoncé le mois dernier, chercher à élargir son équipe (actuellement composée de 59 médecins dont 6 psychiatres).

Steven Pleiter, directeur de la LEK, ne comprend pas les critiques adressées à l'encontre de son établissement. Il avance que le nombre important d'euthanasies pratiquées n'est pas dû à un abaissement du seuil d'admissibilité à l'euthanasie, mais à une augmentation de la demande. (Voir Bulletin de l'IEB)
Il affirme que trop souvent en psychiatrie, l'euthanasie demeure un tabou, et estime peu courageuse l'attitude des psychiatres renvoyant leurs patients vers la LEK pour traiter leur demande d'euthanasie.

Cette pétition des psychiatres De Bakker et van Fenema traduit un véritable malaise puisque plus de 60 % des psychiatres néerlandais ont réaffirmé cette année ne pas vouloir faire des euthanasies.

On rappellera qu'en Belgique, ce sont aussi une cinquantaine de psychiatres et psychologues qui viennent de publier une lettre ouverte :  Mogen we nu (eindelijk) vragen stellen over euthanasie bij psychisch lijden?

Celle-ci fait suite à un article paru dans le Washington Post qui souligne les dysfonctionnement de la pratique de l'euthanasie en Belgique. 

Sources : Medisch Contact, NRC. nl