L’euthanasie, toujours plus loin…

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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L'euthanasie pour « fatigue de vivre » revient sur la scène politique et médiatique, suite aux déclarations de la présidente de l'Open VLD, Gwendolyn Rutten. Le parti avait déjà lancé l'idée en août 2017. Tout comme il y a deux ans, l'appel à autoriser l'euthanasie pour fatigue de vivre a suscité de vives réactions, tant parmi la population que du côté politique ou médical.

L'écrivain Arne De Winde a mal vécu l'euthanasie de son père l'an dernier, et dans une opinion publiée par De Standaard, il s'offusque d'une telle exaltation du droit à l'autodétermination :  pour lui, proposer l'euthanasie aux personnes fatiguées de vivre, c'est « fermer les yeux sur la relation de chaque individu avec son entourage. (….) Qui est là pour soutenir les proches et les accompagner ? Ou doivent-ils se débrouiller tout seul ? »

La députée NV-A Valérie Van Peel ne conçoit pas l'euthanasie comme une solution au sentiment d'inutilité que peuvent expérimenter les personnes âgées. Une position que partage le député Raf Terwingen (CD&V) : « nous devons plutôt investir dans leur prise en charge, que de faire une croix sur ces personnes ».

De son côté, la psychiatre An Haekens, confrontée à des suicides de personnes âgées, se demande si « abaisser le seuil » pour l'euthanasie sur base d'une simple fatigue de vivre, ne contribuerait pas à augmenter le nombre de suicides dans cette catégorie de la population. Elle déplore la tendance qu'ont les médias de présenter la mort choisie comme une forme d'héroïsme. (De Specialist)

Pour rappel, dans son Avis n° 73 (septembre 2017), le Comité Consultatif de Bioéthique de Belgique (CCBB) s'est exprimé en défaveur de l'élargissement de l'euthanasie aux situations de « fatigue de vivre » ou de « vie accomplie ». Le Comité y insistait sur le fait que les souffrances résultant de l'indifférence sociale, qui mène à l'isolement et aux sentiments de solitude, d'abandon et d'inutilité demandent de toute urgence une réponse sociale et politique, et non une réponse médicale sous la forme d'une euthanasie : « notre impuissance actuelle à apporter une réponse à ces problèmes ne doit pas servir d'arguments pour faciliter l'euthanasie de ces personnes ». (p. 58)

 

Pour aller plus loin, voir :

Les Dossier de l'IEB « « Fatigue de vivre » et euthanasie où en est la réflexion en Belgique ? »

Et « Euthanasie et “vie accomplie” aux Pays-Bas »

Synthèse de l'Avis n. 73 du CCBB « L'euthanasie dans les cas de patients hors phase terminale, de souffrance psychique et d'affections psychiatriques »