L'épidémie de grippe a-t-elle fait chuter le nombre d’euthanasies aux Pays-Bas ces 9 derniers mois ?

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Alors que le nombre d'euthanasie aux Pays-Bas a coutume d'augmenter chaque année, la donne est différente depuis janvier 2018 : on constate une baisse de 9% par rapport aux neuf premiers mois de l'année 2017.

Il est difficile de déterminer les causes de cette évolution pour le moment. Selon Jacob Kohnstamm, président de la commission régionale de contrôle de l'euthanasie, cela peut relever d'un simple incident, ou de la vague de grippe qui a entraîné la mort de 3.000 personnes en plus par rapport à la même période en 2017.

D'autres, comme la directrice de l'Association Néerlandaise pour une Fin de Vie Volontaire (NVVE), Agnes Wolbert, y voient une prudence accrue des médecins suite à l'attitude proactive du Ministère Public depuis un an.

Celui-ci est tenu de prendre connaissance des cas d'euthanasie que la Commission de contrôle considère comme « imprudents », à savoir en moyenne une dizaine de cas par an. Les affaires ont été toutes classées sans suite jusqu'en 2016, quand il a décidé d'ouvrir une enquête pénale sur un cas d'euthanasie d'une personne gravement démente (dont le médecin est maintenant poursuivi devant la justice, voir Bulletin de l'IEB). A cela se sont ajoutées quatre autres enquêtes pénales en mars 2018, dans lesquelles au moins un médecin de la « Clinique de fin de vie » (Levenseindekliniek) est impliqué. « Cela rend les médecins de plus en plus réticents. (…) Cela revient tout de même à une accusation de meutre », affirme Agnes Wolbert. Le gériatre Bert Keizer ajoute que les jeunes médecins sont aussi moins disposés à pratiquer l'euthanasie.

A l'heure où règne beaucoup de confusion aux Pays-Bas par rapport à la pratique de l'euthanasie des personnes démentes en particulier, le Ministère Public semble être en recherche de jurisprudence qui apporterait plus de balises et de sécurité juridique pour les praticiens de l'euthanasie.

Il faut cependant rappeler que parallèlement à cette diminution des euthanasies, le nombre de sédations palliatives a explosé ces dix dernières années, sans qu'il ne soit possible de s'assurer qu'il s'agisse exclusivement de sédations palliatives et non d'euthanasies déguisées. (Voir Bulletin de l'IEB)

Source : De Volkskrant