Belgique : les médecins ont euthanasié 2 enfants et un adolescent

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Agés de 9, 11 et 17 ans, ils ont été euthanasiés entre janvier 2016 et décembre 2017.

C'est ce que révèle le huitième rapport de la Commission fédérale de Contrôle et d'Evaluation de l'Euthanasie , couvrant la période 2016-2017. L'adolescent de dix-sept ans était atteint de la dystrophie musculaire de Duchenne, et le petit garçon de neuf ans avait une d'une tumeur au cerveau. Quant à l'enfant de 11 ans, il était atteint de fibrose kystique.

C'est en juillet 2014 que le gouvernement a voté l'élargissement de la loi dépénalisant l'euthanasie aux patients mineurs, sans aucune limite d'âge, dans des conditions bien spécifiques, et notamment que le moment de la mort soit prévisible et à brève échéance.

Sans avoir eu accès au dossier médical de l'enfant de 11 ans atteint de fibrose kystique, on se pose la question de savoir s'il était vraiment en toute fin de vie, comme l'exige la loi ?

En effet, la Fondation de la fibrose kystique explique que « l'espérance de vie médiane pour les nouveaux cas de fibrose aux États-Unis est maintenant de 43 ans ». L'association précise que « les traitements modernes permettent à de nombreux patients de jouir d'une qualité de vie élevée jusque dans la trentaine ou même au-delà. »

La Commission a pourtant donné son aval pour ces 3 cas très douloureux et précise : « Ces derniers (NDLR. ces mineurs d'âge) souffraient à chaque fois d'affections incurables et particulièrement graves allant entraîner leur décès à brève échéance. »

Lorsqu'un enfant demande l'euthanasie, la loi précise qu'il doit le faire par écrit, et des psychiatres sont en charge de vérifier que le jeune est en mesure de prendre cette décision et « n'est pas influencé par un tiers ». Ses parents peuvent empêcher que l'enfant présente sa demande d'euthanasie. Mais comment ne pas s'interroger : « Qu'est-ce qui, exactement, a convaincu les médecins que les cas de ces enfants étaient désespérés, que leurs décès étaient imminents - et que les enfants comprenaient pleinement non seulement l'euthanasie mais aussi les options de traitement qui auraient pu atténuer leur état ? »

Willem Lemmens, Professeur de philosophie moderne et d'éthique à l'université d'Anvers regrette que ces questions ne soient plus abordées par la presse belge. Dans une interview, il a dénoncé l'installation d'un processus de normalisation de l'euthanasie en Belgique : « Les gens considèrent l'euthanasie comme une solution pour les maladies comme le cancer en stade terminal ou les maladies d'origine neurologique (...) Et il y a des débats pour savoir si la loi doit être élargie aux personnes atteintes de démence ou aux personnes âgées qui ne sont pas en phase terminale mais qui en ont juste assez de vivre ».

 Sources :  Généthique et John Burger (27/08/2018) Child euthanasia has claimed the lives of three in Belgium


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