Accroissement de 8% des euthanasies officielles aux Pays-Bas

Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Avec 6.585 déclarations reçues, les RTE (Regionale Toetsingscommissies Euthanasie) (commission régionales d'évaluation de l'euthanasie et du suicide assisté) enregistrent une augmentation des euthanasies ou de suicides assistés de 8 % par rapport à 2016. C'est ce qui ressort du rapport 2017 qui vient d'être rendu public. (Jaarverslag 2017 van de Regionale Toetsingscommissies Euthanasie )

 

La « Levenseindekliniek » (LSK), clinique « de fin de vie » dédiée à la pratique d'euthanasie, a connu cette année une augmentation d'activité interpellante. Les médecins de la LSK ont euthanasié 751 personnes en 2017, soit 264 (ou 54 %) de plus qu'en 2016. Celles-ci souffraient principalement de troubles psychiatriques, de démence ou de polypathologie. Les 751 personnes qui se sont tournées vers la LSK représentent plus de 10 % du nombre total d'euthanasies sur l'année.

Cette augmentation pose question à l'Association Nationale Royale des Médecins (la KNMG). Selon elle en effet, il est hautement préférable qu'une euthanasie prenne place au sein d'une relation thérapeutique stable, qui permet une relation de confiance. Celle-ci peut difficilement s'établir à la LSK, où les personnes se rendent pour demander leur euthanasie et non pas pour traiter leur mal. Pourquoi doivent-ils s'y rendre ?

Parmi les 6.585 personnes euthanasiées en 2017, 83 souffraient d'une maladie psychiatrique. 65 parmi elles ont été euthanasiées par un médecin de la LSK. Parce que l'évaluation d'une telle demande d'euthanasie est si complexe, tant la KNMG que la NVVP (l'association des psychiatres) rappellent l'importance l'intervention d'un psychiatre indépendant pour juger de la capacité de discernement et du caractère inapaisable de la souffrance du patient, avant la consultation avec le psychiatre « SCEN », spécialisé sur les questions d'euthanasie et de suicide assisté.

166 personnes ont été euthanasiées en raison d'un début de démence et 3 personnes, en situation de démence avancée, l'ont été sur base de leur déclaration anticipée.

Pour rappel, près de 450 médecins néerlandais avaient signé en janvier 2017une pétition pour protester contre l'euthanasie des personnes atteintes de démence profonde sur base de leur déclaration anticipée (Bulletin IEB). C'est notamment pour cette raison que les RTE ont décidé à la fin de l'année, de convoquer désormais automatiquement le médecin qui aura euthanasié une personne sur base d'une telle déclaration, dans le but d'obtenir des informations supplémentaires quant à la décision et à l'exécution de l'euthanasie.

Le Dr Jacob Kohnstamm, président des RTE, voit d'un oeil positif cette mesure. Elle pourrait améliorer la qualité du travail des RTE, dans un contexte où il leur a déjà été reproché de toujours se limiter à un contrôle formel du respect de la loi et de juger conforme chaque cas où une déclaration anticipée avait été rédigée, sans se pencher sur la valeur juridique concrète de celle-ci.

Le Docteur René Héman, président de la KNMG, s'inquiète par ailleurs de ce que de plus en plus de citoyens réclament l'euthanasie comme un droit incontestable. Bien que grand défenseur de celle-ci, il tient à rappeler qu'elle ne représente pas la seule alternative de fin de vie « digne ».

L'augmentation des euthanasies pour cause de souffrance psychique ou de démence et l'implication importante de la LSK dans celle-ci, inquiète certains médecins néerlandais depuis quelque temps déjà.

C'est ce qu'exprimait dansune tribune le célèbre psychiatre Boudewijn Chabot, pourtant défenseur lui aussi de l'euthanasie, suite à la publication du 3ème rapport d'évaluation de la loi euthanasie néerlandaise en juillet 2017.

 Source : KNMG