Don de sperme : vendre la masculinité à défaut de rémunérer

Publié le : Thématique : Début de vie / Procréation médicalement assistée Actualités Temps de lecture : 2 min.

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« Besoin d'hommes généreux pour un job important » « Avez-vous ce qu'il faut pour devenir un héros ?» : ainsi s'intitulent des affiches publicitaires australiennes qui recrutent des donneurs de sperme.  Là où la loi interdit de rémunérer le don de gamètes, les banques de sperme développent des stratégies de marketing basées sur deux archétypes de la masculinité : le « soldat » servant son pays et le « héros » sauvant la dame en détresse. En lieu et place d'argent, ils offrent une identité. C'est ce que fait ressortir une récente étude publiée le 16 mai 2019 dans la revue Marketing Theory.

Les donneurs de sperme ne sont toujours pas rémunérés comme aux Etats-Unis, où ils perçoivent jusqu'à 1,500 dollars par mois.  Il n'empêche que l'industrie du don de sperme s'évalue à plus de 3.5 billions de dollars et que l'on peut s'attendre à sa croissance dans les prochaines années. En effet, l'acceptation grandissante des relations de même sexe et l'augmentation de la demande pour les traitements de fertilité contribuent à hausser la demande de sperme en vue de procréations médicalement assistées.

En Belgique, la loi dispose que le don de gamètes est gratuit, même si une indemnité de compensation des frais de quelques dizaines d'euros peut être versée aux donneurs. Une loi de 2008 relative au matériel corporel humain interdit explicitement la publicité pour l'exécution de tels prélèvements. Restent les sites internet des différents hôpitaux qui procèdent au prélèvement de gamètes.

Un des freins au don de sperme réside dans le processus de son obtention : les donneurs sont priés de se masturber dans une pièce prévue à cette fin au sein de l'hôpital ou de la banque de sperme. Voir par ex. le site du Centre Hospitalier Interrégional Edith Cavell (CHIREC) ou du CHU de Liège.

Comment les donneurs de gamètes perçoivent-ils l'engendrement d'enfants qui résultera de leur démarche ? Pour certains, ils y voient l'occasion de laisser une « empreinte » sur terre. Les uns ne se sentent pas concernés par les enfants qui naîtront grâce à eux, mais il arrive que d'autres finissent par réclamer des droits en tant que père : ce fut le cas récemment en Australie, où « la justice a reconnu l'autorité parentale à un homme qui avait accepté de donner son sperme en 2006 à une amie homosexuelle » tout en jouant un rôle dans l'éducation de son enfant biologique.

Peut-on dire que le don de gamètes se limite à offrir une partie de son corps, au même titre que les autres dons d'organes et de tissus ?