GPA : La guerre en Ukraine comme révélateur

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Début de vie / Gestation pour autrui Actualités Temps de lecture : 2 min.

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Depuis le début du conflit avec la Russie, en Ukraine les mères porteuses se trouvent face à leur conscience à devoir laisser le bébé à quelques soignants, en raison de l'absence des parents demandeurs, ou le prendre en charge malgré la précarité dans laquelle elles se trouvent. S'ajoute à cela la guerre, qui les positionne dans des situations extrêmement vulnérables. Il est devenu très compliqué pour les parents d'autres nationalités de venir chercher l'enfant qui porte leurs gênes. Ceci pose des problèmes quant à la citoyenneté de l'enfant, et au tuteur légal, puisque la loi ukrainienne requiert la présence physique des parents demandeurs pour reconnaitre leur nationalité.

L'Ukraine est un des seuls pays à autoriser des couples étrangers à recourir à la GPA. Ainsi, des parents de tous les continents font appel aux mères porteuses (estimées environ à 500 actuellement) du pays, souvent en situation de précarité, et qui choisissent d'assumer la grossesse pour un autre couple pour la somme de 15000$.

Depuis que la guerre a éclaté, les soignants auprès de ces bébés font soit le choix de rester auprès d'eux, soit essayent de se déplacer avec un ou deux bébés dans l'Ouest du pays pour davantage de sécurité. Une des mères porteuses enceinte, se voit obligée de rester en Ukraine, malgré la volonté des parents demandeurs de GPA qu'elle voyage vers l'Ouest de l'Europe. Elle est contrainte de rester aux vues des conséquences juridiques qu'entrainerait la naissance de l'enfant issu de GPA dans un pays interdisant cette pratique pour des raisons évidentes. D'autres mères encore sont abandonnées sous les bombes quelques minutes après avoir accouché. BioTexCom, célèbre agence de GPA en Ukraine, se concentre uniquement sur la sureté des bébés, sans égard aux mamans qui les ont portés pendant toute la grossesse.

La situation de ces enfants et mères vient relever certaines conséquences lourdes et éthiques de la GPA, notamment : la marchandisation du bébé, la chosification de la femme, le trafic humain et l'atteinte à la dignité humaine de la mère porteuse et de l'enfant.
A un âge d'une vulnérabilité extrême, où la dépendance à l'autre est la plus importante au cours d'une vie, l'enfant nait sans aucun parent pour assurer sa prise en charge. Nous savons de surcroit que lorsque les parents peuvent assez rapidement adopter l'enfant, la GPA a aussi des répercussions psychologiques pour l'enfant et pour la mère gestatrice. En effet, les études montrent que pendant une grossesse, une mère et son enfant créent des liens intimes. Avec la GPA, l'enfant, et la mère qui l'a porté pendant neuf mois, vivent un traumatisme de séparation et d'abandon. La guerre ne vient qu'aggraver cette souffrance pour les deux, puisque les mères porteuses se trouvent déjà en situation de détresse liée au conflit politique.