Le Mississippi interdit l’avortement sur base du sexe, de la race ou d’une anomalie génétique

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Début de vie / Avortement Actualités Temps de lecture : 2 min.

 Imprimer

Alors que plusieurs pays se posent la question de la légitimité de l'avortement sur base d'anomalies génétiques chez l'enfant à naître, le Mississippi a pris un virage important avec une loi votée le 17 mai 2020 et intitulée Life Equality Act. Entrée en vigueur dans cet État américain depuis le 1er juillet, la loi interdit de réaliser un avortement sur base du sexe de l'enfant, d'une anomalie génétique ou de son origine raciale. Un médecin qui effectue un avortement pour l'un de ces motifs est désormais passible d'un à dix ans de prison.

 

Cette loi n'est pas la première démarche du Mississippi pour limiter les avortements sur son territoire. En 2018, une loi avait été votée pour réduire le délai légal pour l'avortement de 20 à 15 semaines de grossesse. Or, la Cour Suprême de Justice des Etats-Unis avait invalidé la loi au nom du droit à l'avortement jusqu'au seuil de viabilité du foetus, tel que consacré par l'arrêt Planned Parenthood v. Casey. Le 1er juillet 2019, une autre loi connue sous le nom de Heartbeat Bill” devait entrer en vigueur et interdire l'avortement dès la détection du battement du coeur de l'enfant, soit à partir de la 6ème semaine de gestation. La Cour Suprême a de nouveau interdit l'application de cette loi pour sa non-conformité à la Constitution américaine. Cette même Cour ne s'est cependant pas encore manifestée quant au Life Equality Act. Pour cette troisième tentative, le Mississippi s'est appuyé sur l'arrêt Box v. Planned Parenthood of Indiana and Kentucky, dans lequel la Cour Suprême n'a pas remis en question l'interdiction des avortements sélectifs par la loi de l'Indiana.

 

Cette loi est un engagement de taille du Mississippi en faveur de la vie à naître, dans un contexte où d'autres Etats (notamment celui de New-York) élargissent les délais et les raisons pour recourir à l'avortement. La réalité des avortements sélectifs laisse en effet perplexe. En Belgique, 95,5% des foetus diagnostiqués porteurs d'une trisomie 21 sont avortés. En Islande ce chiffre frôle les 100%. En Inde, les filles constituent la cible principale de l'avortement, à tel point qu'une campagne “N'avortez plus vos filles” a été mise en place pour rétablir l'équilibre homme/femme dans le pays. Ne pas intervenir pour empêcher de telles discriminations ferait non seulement peser sur les personnes concernées le sentiment qu'elles sont un poids pour la société, mais laisserait aussi se propager l'idée que leurs vies ont moins de valeur aux yeux de l'opinion publique. Ne faire naître que les enfants répondant à une norme génétique, de sexe ou de race, revient en réalité à pratiquer une certaine forme d'eugénisme (voir le dossier de l'IEB sur l'eugénisme). Avec le Missouri, le Mississippi est pour le moment le seul Etat américain osant dénoncer ce problème et prendre des mesures en conséquence.